
« Les restes du Molo » par Flo, 2016
Flo : C’est un saladier rempli de nourriture qui a moisi. Alors là, en plus, c’est une nourriture qu’on a ramenée de Molodoï et qui a pourri à Mimir. On n’a pas réussi à manger tous les restes du Molodoï et ça montre bien un problème qu’on a de manière récurrente, récurrament (ça se dit pas), mais bon, de manière récurrente à Mimir. C’est la gestion des déchets, la gestion du caca, la gestion de la sciure, la gestion des denrées alimentaires, la gestion de la récup’ de bouffe.
La gestion des déchets, du recyclage, de la récupération, c’est un des points forts de Mimir, c’est-à-dire, la capacité de récupérer et remettre en valeur des choses qui sont vouées à disparaître.
Mais c’est aussi un de ses points faibles. C’est comment gérer le « tout venant » : « Est-ce que vous voulez récupérer ça ? Est-ce qu’on peut vous donner la bouffe ? Est-ce qu’on peut… » (il inspire) … (plus fort) LE PROBLEME DU TOUT VENANT QUOI ! Quand on accepte tout, ben ça crée des problèmes. Surtout si tout le monde est bordélique, un peu borderline, un peu artiste en plus, ça fait que la bouffe moisit dans les saladiers, dans les frigos, dans les poubelles… (il inspire) les choses pourrissent quoi… (…)
Et puis, en même temps, la pourriture on peut dire « c’est dégueulasse », mais il y a un côté beau dans la pourriture. La vie reprend le dessus, sur le déchet. De la moisissure : « Oh mon dieu ! C’est dégueulasse ! » Mais non. (…) C’est de la vie qui se développe sur des choses qui meurent. C’est un peu Mimir. On va dire… Le système, la société moderne, est en train de crever plus ou moins vite (moi j’aimerais bien qu’elle soit finie la semaine prochaine) et Mimir, sur ça, c’est une sorte de champignon, c’est une sorte de moisissure qui pousse sur la souche de la société et qui grandit comme ça.
Ça peut être une belle image, une belle allégorie.

« La nature a repris ses droits » par Flo, 2016
Flo : On revient à nouveau sur la gestion des déchets. Mais cette fois-ci, c’est plus joli comme ça.
Ça, c’était des légumes qui se sont retrouvés dans un bac après le Molodoï. Ils sont restés là pendant un mois et lorsqu’on à vidé le bar on a vidé ces trucs là et les légumes avaient germé. Ils avaient tous germé. Donc, les radis ont germé, les oignons ont germé, les carottes ont germé, même les patates on germé dans ce box en métal. La nature a repris ses droits.
À nouveau, la poésie. Wouaw ! Dans un truc où tu soupçonnais pas possibilité… À la limite ça pourri, ça devient du jus de merde et ça devient du compost. Et ben là, il y a eu du compost, mais immédiatement sur le compost, la nature a repris ses droits. Tout a germé.
C’est même : les légumes qui ne sont pas bio, qui viennent du [supermarché], de manière complètement dégueulasse, dans un contexte précis, se remettent à germer. Donc, c’est peut-être l’image, l’allégorie de : même le plus pourri de l’extérieur, à Mimir, quelque chose peut germer et devenir quelque chose de beau. Pour peu qu’on donne le contexte pour. Enfin même le contexte là n’était pas pour hein ! Enfin si, il n’y avait pas de lumière. Il n’y avait un taux d’humidité constant. Il y avait tout pour faire germer. Et puis il y avait de la matière organique en-dessous. Le compost, les fruits qui pourrissent entre eux, qui rapportaient l’un l’autre l’énergie à ceux qui germaient.
Wouaw ! Tu vois ça va loin ? Ça va super loin ! (nous rions) Ça va trop loin et c’était mignon. Donc, du coup, c’est Daniel qui a récupéré les fruits germés pour les mettre sur son terrain.
Ophélie : Et ça a donné quelque chose ?
Flo : Faudra lui demander. (Daniel est dans la pièce à côté) Hé Daniel ! Ça a donné quoi les
légumes germés ?
Daniel (à Flo) : Ça pousse.
Flo (à moi) : Ça pousse. (…) Voilà, tu vois, ça pousse [sur] un terrain. (…) Ça pousse. Ça a germé à Mimir et ça pousse ailleurs t’as vu ?…