Tram – Vélo : témoignage d’une Strasbourgeoise

Nous avons reçu ce témoignage et nous tenions à vous le partager. Il montre que l’accès des vélos au tram répond à des besoins divers, mais bien réels.

Je tenais à vous remercier de l’initiative que vous avez engagé ! Cela fait plusieurs mois que je pestais dans mon coin et je suis heureuse de pouvoir me joindre à vous pour cette mobilisation.  Si cela peut vous aider dans vos échanges avec la ville, j’aimerai vous apporter mon témoignage d’utilisatrice. Car cet aspect reste peu évoqué et il me semble essentiel.

Je suis une femme cumulant plusieurs statuts (deux emplois sur divers sites) ainsi qu’une thèse en cours. J’habite aux Poteries. Je travaille à Illkirch, à la Robertsau , à Koenigshoffen ainsi qu’au centre ville et au campus esplanade. Cela fait donc bien des lieux différents. Je suis également amenée parfois à me déplacer à fegersheim/plobsheim. Je n’ai pas le permis, et je suis souvent chargée du fait de mes journées multiples emplois.

Depuis le covid, il m’est arrivé de faire le trajet Poteries-Montagne verte-Ostwald-Illkirch-Fegersheim-Eschau-Plobsheim (notamment lorsque les horaires de trains moins réguliers que les trams n’allaient pas). Qui pense à ce que physiquement cela produit ? Etant asthmatique en plus, les jours de fortes pollutions ont été extrêmement difficiles pour moi.

On parle souvent des liaisons par le centre mais peu des liaisons periurbaines. L’exemple Poteries-Robertsau illustre bien cela. Un bus à l’aller qui fonctionne (le 70 en 40min) mais plus après 20h. Comment rentrer le soir ? 2 options. Sans vélo dans le tram : 1h30 de trajet car en soirée peu de trams, entre 15 et 20 min d’attente entre chacun donc des correspndances allongeant considérablement les trajets .Finissant le travail à 22h, j’arrivais chez moi à 23h35. Mais avec le vélo (avant donc), je pouvais arriver à 22h50 en évitant d’attendre un B puis un D (car sans bus et sans vélo, c’est trois trams).

Concernant la dimension « femmes en vélo », je tiens à dire qu’il est des zones plus difficiles que d’autres pour les femmes. Le trajet Poteries-Illkirch que je realise via le canal de la bruche puis la piste des 4 rivières en est un exemple, même en pleine journée. Pas plus tard que dimanche dernier j’ai à nouveau vécu une tentative d’agression (caillassage) par des jeunes. C’est n’est pas la première fois, mais la troisieme. Les deux précédentes des hommes m’avaient stoppées à vélo avant que je puisse me degager et m’enfuir. Avant, je partais à l’aller en tram avec le velo (car hors horaires de pointe) et lorsque je revenais le matin à 8h (généralement peu de personne avant 14h) je rentrais via les pistes. Aujourd’hui ce n’est plus possible et cela m’expose à plus de risques. De même le soir lorsque nous ne pouvions plus mettre le vélo pour rentrer à 23h du centre à la périphérie (chose aujourd’hui reglée, ces horaires sont deja mieux que rien, mais elles ne solutionnent pas tout et sont insuffisantes).

Je pense que vous avez dû déjà avoir bien des retours aussi sur les difficultés des cyclistes avec crevaison à parvenir à monter dans un tram. De même lorsqu’il neige ! Je me suis retrouvée à marcher une grande partie de mon trajet illkirch-poteries car en sortant de mon travail de nuit ce mercredi, la neige est tombée et les pistes glissaient trop.

Voilà, je tenais à témoignr car j’ai l’impression que beaucoup d’élus et responsables cts ou de personnes contre les vélos disent que nos situations (femmes, cumul d’emplois, multiples lieux de déplacements) sont des cas exceptionnels. Mais dans une société où de plus en plus nous sommes amenés à revetir plusieurs casquettes pour vivre, malheureusement non.

Nos situations sont bien plus repandues qu’on ne le pense. Et quand bien même nous sommes une minorité, cela ne justifie pas que nous soyons ignoré.e.s.  Je pense que vous trouverez d’autres témoignages et réflexions avec solutions proposées intéressante sur le post (en commentaires) fait par le journaliste Pierre France le 21 janvier dernier sur son compte.
Bien à vous et encore merci mille fois de cette action !