Assise chez moi à travailler sur la couverture du livre, je suis interpelée par le signal sonore m’indiquant un nouveau message : Nouns m’a contactée pour me parler. Il veut participer aux témoignages sur la maison Mimir. Commence alors un échange virtuel, loin des protocoles formels d’entretien, proche d’une conversation. Pourquoi ne pas finalement se laisser emmener par ce présent improvisé. Je retranscris donc ici notre conversation sur la toile, en guise de nouveau témoignage 2.0.
Nouns : J’aimerais participer à ton projet « Les petits riens de Mimir » et dire un peu mes impressions sur Mimir. (…) Mimir a été un fucking tremplin pour moi, point de vue social et musical, donc ouais, j’aimerais donner mon petit mot.
Ophélie : j’avais fait un appel à témoignages. Tu es peut-être passé à côté… mais c’est toujours possible et quand tu veux…
(…)
L’idéal serait que tu choisisses une ou plusieurs photos en te demandant : « c’est quoi Mimir pour moi ? » Et tu accompagnes ces photos de ton écrit sur ce que tu voudrais dire. Comme si tu me parlais, sauf que tu l’écris tout de suite… (…) Tu prends les photos que tu veux : soit tu vas chez mimir et tu en fais (mais pendant le confinement c’est un peu chaud), soit t’en prends dans les dossiers passés.
(…)
Je trouve une photo de Nouns sur la toile et je lui envoie
Nouns : (Je te fais le post maintenant du coup, là j’ai de l’inspiration autant en profiter. Haha. Et yes cette photo là est nickel, je prends celle que tu viens de m’envoyer) et ce que ça m’évoque. Et bien c’était une de mes premières presta en tant que DJ à la maison et c’était pour la fête de la musique.
Cela me rappelle aussi mon arrivée dans la maison en février 2015. Je ne connaissais pas grand monde sur Strasbourg. À l’époque, j’étais en colocation avec Flo des Wassingue Krew et c’est lui qui m’a fait découvrir la maison. (…) Je lui dois énormément car, grâce à lui, j’ai pu vivre beaucoup de choses dans ce lieu, des bonnes comme des mauvaises. Mais avec le recul il faut bien dire les choses comme elles sont, si je n’avais pas connu la maison Mimir et bien je ne sais pas ce que je serais en ce moment, mais sûrement pas avec un appartement, un boulot dans la musique et, surtout, savoir pourquoi je me réveille tous les matins…
J’ai fais partie des gens qui ont vécu un moral en dent de scie dans cette maison. J’ai rempli le rôle de concierge par moment. Je tenais aussi le rôle de responsable Jam session. Pendant les soirées, [j’étais] soit derrière le bar, au prix libre ou alors directement sur scène en tant qu’artiste… J’ai aussi sué grave pour cette maison niveau travaux et mon corps s’en souvient encore…
(…)
La maison Mimir, pour moi, est un lieu de partage (sous différentes formes), de plusieurs cultures et un lieu ou l’on peut clairement apprendre le sens du mot « autogestion ».
Ophélie : Alors c’est quoi pour toi le mot « autogestion » ?
Nouns : Si tu arrives dans un lieu et que tu trouves que ce n’est pas propre, et bien fais en sorte que cela soit plus présentable, non pas parce que quelqu’un ou un groupe de personne a dit : « ça serait bien de faire le ménage », mais parce que toi et toi seul, tu veux que ça soit mieux présentable, sans avoir de remerciements derrière. Juste la satisfaction personnel d’arriver dans un endroit propre…
Bon, je dis ça parce que j’ai passé beaucoup l’aspirateur dans la maison.
Ophélie : Et pourquoi tu dis que tu t’es épanouis à mimir ?
Nouns : Je ne connaissais personne avant d’arriver à Mimir. J’étais, ce que je pourrais appeler, un mec paumé qui ne savait pas vers quelle direction aller. Et quand j’ai vu le potentiel artistique de la maison, ça m’a fait un bien fou de me dire : « je suis au bon endroit pour commencer ma vie d’artiste ». Et maintenant, grâce à ça, je travaille en tant que musicien intervenant. (…) La maison m’a beaucoup aidé à me faire connaître (…) en tant que DJ et percussionniste.
Ophélie : Tu as fais beaucoup de musique à la maison ?
Nouns : Oui, que ça soit en tant que percussionniste (les jam sessions, des concerts où on me dit : « tiens, aller viens jouer » et je me retrouve à faire un concert entier avec le groupe sans connaître leur morceaux) et DJ, là, c’était essentiellement des fêtes de la musique, des évènements organisés par la maison où il y avait besoin d’un Dj.
Ophélie : Tu as des photos de ce genre d’évènement ?
Nouns : attends, j’en cherche d’autres…
Nouns : Alors la première [photo], c’était à un concert des Neo plouk label, année 2019. J’ai débarqué à la maison en sortant de répète. Je savais qu’il y avait un concert et que les NPL jouaient le soir-là. Je suis arrivé avec juste mon cajon [ndlr : percussion en bois] comme affaire et, au final, je me suis retrouvé à jouer avec eux pendant leur concert entier.
La deuxième photo, c’était histoire d’animer un vide dressing organisé à la maison Mimir par l’association Touch arts.
Et la troisième, soirée au Molodoï organisée par la maison Mimir, soirée spécial ping-pong et j’étais en équipe avec Gérard des Systematek.
Ophélie : Tu peux m’expliquer le ping-pong ?
Nouns : Le principe du ping-pong en mix vinyles, c’est que chaque DJ passe un nombre de vinyles, chacun avec ces propres transitions et son propre style de mix. Par exemple, je passe deux vinyles de style Tribe et la dernière transition c’est au tour de l’autre DJ de prendre la relève et de jouer avec deux vinyles et ainsi de suite.
Ophélie : Cool ça ! Je me souviens de cette soirée…
Nouns : Mémorable.
Ophélie : Pourquoi tu dis que c’est grâce à Mimir que tu as trouvé un boulot de musicien ? Tu bosses où d’ailleurs ?
Nouns : En fait, grâce à la maison, j’ai pu me faire connaître en tant que musicien dans Strasbourg. C’est à la maison que j’ai créé tout le réseau que j’ai actuellement car, à l’époque où je suis arrivé à la maison, il y avait énormément de personnes et d’artistes qui y venaient et donc c’était un bon moyen d’avoir de la visibilité. Et sinon, actuellement, je suis musicien intervenant en CDD dans l’association Ballade et percussionniste dans le groupe Papyros’N. J’ai également un autre groupe de musique irlandaise, The Shamrock Og (des personnes que j’ai aussi connues grâce à des concerts que j’ai fait dans Strasbourg)…
Mais voilà, tout part de la maison Mimir.
Ophélie : Tu as dis que parfois tu as vécu de mauvaises choses aussi ? Pourtant tu ne m’en parles pas…
Nouns : Disons que j’ai aussi découvert les joies de la grande colocation. On était comme qui dirait plus d’une dizaine à habiter dans le même immeuble, donc cela comprend l’intimité pas forcément respectée, les joies de la vaisselle… Je crois que ce point là est clairement ce que l’on appelait un « sujet sensible ». Et sinon le vivre ensemble aussi qui des fois était compliqué, où ce n’était pas toujours facile et comme tout lieu, il y a des tensions.
Ophélie : C’est quoi le problème de la vaisselle ?
Nouns : Ouh la…alors comment expliquer… Je résumerais ça par « l’histoire sans fin ».
Ophélie : La première photo que tu m’as envoyée. Pourquoi tu as choisi celle-là ? Avec le néon Mimir ?
Nouns : C’est pour moi un gros + pour la maison le nom Mimir en grosse lettre rouge le néon, car la maison Mimir vivait aussi le soir et je trouve que cette entrée est beaucoup plus mise en valeur depuis que cela a été fait…
Ophélie : tu veux rajouter quelque chose ?
Nouns : c’est tout pour moi.
Hello pour moi aussi c’était une expérience génial pour la liberté d’être soi même et la possibilité d’explorer la danse bravo pour cette liberté offerte