Vélorue : paradis des cyclistes ? A certaines conditions…

– « La vélorue : le paradis des cyclistes ? »
– Oui, à certaines conditions !

En octobre 2019, la première vélorue de Schiltigheim a été mise en place rue Principale et rue des Pompiers.

Plus d’un an après, il serait intéressant d’obtenir un retour de ses usagers. En échangeant avec les cyclistes schilickois·e·s, c’est un ressenti clairement anxiogène qui en ressort, en raison des nombreuses infractions motorisées ! Pour un bon fonctionnement d’un dispositif de ce type, il faudrait que chacun·e joue son rôle :

  • Piétons : rester sur le trottoir (ce qui est globalement bien respecté), mais vous avez le droit de traverser en tout point de la chaussée,
  • Cyclistes : prendre votre place en roulant sur la chaussée, comme les chevrons vous l’indiquent, afin de faire comprendre le principe de la vélorue aux automobilistes
  • Automobilistes : rester derrière les cyclistes (comme la signalisation l’indique), ne pas tenter de dépassement ultra-dangereux en montant sur la piste cyclable à contre-sens, rouler à 30km/h et non pas 50 ou 70, prendre la rue de la Mairie pour éviter ce raccourci qui ne devrait pas en être un.
  • Élus : réfléchir et proposer des dispositifs permettant de réduire le trafic en changeant le plan de circulation ou en réservant l’accès aux seuls riverains (au delà de 1000 véhicules par jour, une vélorue ne fonctionne pas), réduire la vitesse et les dépassements intempestifs en proposant des aménagements tels que des potelets ou un vrai trottoir séparant la piste en contre-sens, voire un radar
  • Services : répondre aux demandes des élus en tenant compte des contraintes techniques
  • Commerçants : voir les avantages d’une rue réellement apaisée, sortir de la logique « no parking no business »
  • Clients : réfléchir à l’utilité d’un véhicule d’une tonne et demie pour chercher une baguette, un livre ou un paquet de cigarettes 😉
Nos propositions :
–  séparer clairement la piste en contre-sens de la chaussée pour empêcher tout dépassement
– une signalétique plus explicite avec de la peinture de couleur
– empêcher le transit des véhicules se rendant route de Bischwiller en changeant le plan de circulation (exemple : inverser le sens de circulation de la rue des Pompiers)
– proposer des expérimentations de piétonisation de la rue pour que chacun·e constate les bénéfices d’un apaisement véritable.
Ressources

« La vélorue correspond à une rue qui accueille un trafic vélo de transit et du trafic motorisé uniquement local. Dans certains pays, la vélorue est définie règlementairement et peut par exemple interdire le dépassement (Belgique), ou autoriser à rouler à plusieurs de front (Allemagne). Aux Pays-Bas, elle n’a pas de fondement règlementaire, mais fait l’objet de recommandations précises.

– les vélos doivent pouvoir s’approprier la chaussée : c’est le cas quel que soit le volume de vélos dès que le trafic motorisé est inférieur à 500 véhicules par jour. Idéalement, le trafic vélo est au moins deux fois supérieur au trafic motorisé, avec une limite pour ce dernier fixé à 2 000 véhicules par jour.

– la vélorue a la priorité aux intersections sur les autres rues transversales (pas de priorité à droite).

– la chaussée a le même revêtement que les pistes cyclables (enrobé rouge aux Pays-Bas).

Instaurer une vélorue est judicieux pour matérialiser un itinéraire vélo principal, dans une rue où ils sont l’essentiel du trafic, et où des pistes cyclables ne seraient pas possibles, ou pas pertinentes. Elle est implémentée comme une piste, ouverte au trafic motorisé ponctuel.
Hélas, le cœur du concept est souvent mal compris : ce qui permet l’appropriation de la rue par les vélos, ce n’est pas d’interdire aux voitures de dépasser, mais de s’assurer qu’elles sont peu nombreuses par rapport au trafic vélo.
En France, les vélorues telles qu’elles sont actuellement mises en place, peu contraignantes vis-à-vis du transit auto, ne renforcent que la pratique existante, mais ne sont guère attractives pour les cyclistes moins confiants.

Enfin, en tapant Fahrradstraße ou Fietsstraat sur Google Images, on constate que la signalisation allemande ou néerlandaise est plus explicite que la nôtre (logo de couleur en Allemagne, revêtement rouge pour toute la rue aux Pays-Bas).