Schilick, cité des brasseurs et des moteurs

Schiltigheim à vélo… Quiconque y a déjà pédalé aura constaté avec sidération la ligne de démarcation nette entre des aménagements corrects du côté strasbourgeois et la jungle urbaine schilickoise exclusivement dédiée aux véhicules motorisés.

L’expérience cycliste sur les deux principaux axes de circulation, la route de Bischwiller et la route du Général de Gaulle, est décourageante voire effrayante : se faire frôler par un flux de voitures incessant trop souvent au delà des 40km/h autorisés, ou rester prisonnier derrière une longue file de véhicules asphyxiante à l’arrêt aux heures de pointe.

On pense trouver un havre de paix à la lecture du plan Vélostras, annonçant l’axe est-ouest (de la rue de la paix à la rue de la Zorn) comme une rocade cyclable sécurisée, mais – ô surprise ! – aucun aménagement cyclable n’existe sur ce tronçon de plus de 3 km. On veut bien essayer de ressentir le véloptimisme de l’Eurométropole, mais pas quand elle nous vend un réseau partiellement virtuel !

Vue aérienne de deux carrefours importants de la ville : la couleur rouge symbolise – vous l’aurez deviné – l’emprise de la voiture sur l’espace public, le bleu représente les quelques trottoirs où les piétons sont relégués, et le violet (quand il y en a) la part homéopathique réservée aux vélos.

Les résultats du baromètre Parlons vélo 2019 de la FUB nous le confirment, de nombreux habitants préfèrent ne pas se risquer à vélo dans ce contexte si hostile aux mobilités actives et choisissent donc la bagnole, même pour des déplacements courts. Une spirale infernale…

Mais pourquoi ce retard colossal ? Manque de courage politique diront certains (en 2003 déjà, il a été question d’aménagements cyclables sur la route de Bischwiller mais les trois maires de Schiltigheim, Bischheim et Hoenheim s’y sont opposés) ?

Nécessité de conserver les sacro-saintes places de stationnement pour satisfaire des commerçants figés dans un modèle obsolète ? Ou encore mépris de cet environnement pensé comme un lieu de passage (les deux axes nord-sud engloutissant chacun 15 000 véhicules par jour et toutes les nuisances que cela engendre) au détriment du cadre de vie de ses habitants ?

Voici pourquoi notre collectif a fait de cette ville sa priorité en 2019 avec sa vélorution annuelle le 26 avril puis a co-organisé une seconde vélorution avec le 4 octobre avec le Cadr67 suite à des circonstances tragiques.

Ces manifestations qui ont réuni près de 400 cyclistes dont les élus schilickois, n’ont pas vraiment plu président de l’Eurométropole, qui a accepté notre demande d’entretien en décembre pour nous asséner des « Oui, mais vous les cyclistes, vous roulez sur les trottoirs et sans lumière… » dignes des commentaires les plus réac’ lus au quotidien dans les DNA,  sans aucune vision constructive pour l’avenir des mobilités actives dans le nord de l’agglomération.

Or toute la volonté d’aménagements cyclables démontrée par l’équipe municipale lors des échanges avec notre collectif ne peut aboutir sans le déblocage du budget voirie nécessaire, compétence eurométropolitaine. Statu quo donc…

Rêvons d’une ville des brasseurs qui ne rimerait plus avec moteurs et pollueurs. En octobre dernier, l’apparition d’une vélorue rue principale et rue des pompiers (juste devant un atelier d’auto-réparation fraîchement créé par des amoureux du vélo quelques jours plus tôt) nous donne des raisons d’espérer.

Imaginons Schilick, capitale du cycle chic et non plus des pare chocs.

L’élection municipale du mois de mars doit être un début de réponse à nos espoirs les plus fous !