J’œuvre sur le terrain social depuis plus de dix ans. Ma formation en psychologie clinique m’a amenée à côtoyer les milieux psychiatriques et carcéraux. J’ai continué cet investissement en m’impliquant dans le milieu du handicap en parallèle d’un engagement sur le terrain associatif et social.
Actuellement, je travaille dans le domaine de la réduction des risques pour usagers de drogues et sur un projet de formation et d’accompagnement de jeunes sans emploi, ni stage, ni formation.
Mon parcours m’a amenée à investir en ethnologue la maison Mimir, espace associatif autogéré à vocation sociale et culturelle qui gère un ancien squat à Strasbourg. L’implication dans la lutte contre l’exclusion sociale et pour la solidarité passe pour moi par la compréhension de structures collectives autogérées dites « marginales ». Il m’importe de transmettre ce mode de pensée ainsi que de partager des difficultés qui, bien souvent, se retrouvent et se répètent dans divers lieux et associations du même genre.
La publication de ce travail m’est donc apparue comme faisant sens pour les protagonistes de la maison Mimir et pour ceux qui s’impliquent dans les milieux autogérés. Qui plus est, elle permet de donner des éléments de réponses aux travailleurs sociaux, aux politiques, aux membres d’autres associations et toutes les personnes qui désireraient en savoir davantage sur cette maison connue dans le paysage strasbourgeois et sur les implications de ce type de structure.
Cette publication a donc plusieurs vocations. Tout d’abord, elle donne la parole à des personnes qui ne sont que trop rarement entendues et qui ne se laissent pas facilement approcher de peur de représailles. En effet, les préjugés sur la pauvreté sont nombreux et ceux qui œuvrent pour lutter dans ce milieu, sont parfois perçus comme radicaux, effrayants car méconnus.
Elle légitime aussi un lieu créé dans un contexte social particulier et sa visée est de transmettre la pratique d’une alternative décortiquée, pour aider d’autres actions à se construire dans une optique de démocratie participative.
Ce travail est présenté comme une recherche-action qui permet une compréhension globale pour que s’érigent des ponts entre des milieux, institutionnels ou non, qui ne se côtoient pas, ou peu : l’Université, les milieux alternatifs, les services sociaux et politiques. En effet, aujourd’hui à Strasbourg, outre la maison Mimir, plusieurs squats se sont ouverts depuis quelques mois.
Enfin, le défi se situe dans l’ouverture de l’approche scientifique ethnologique à un large public en combinant des expressions littéraires et graphiques. Les illustrations par les photographies des personnes s’investissant dans Mimir, l’approche de l’histoire par la bande dessinée, ainsi que les croquis anthropologiques participent à cette ouverture.
Ainsi, le livre sera diffusé auprès d’un public diversifié : néophyte, associatif, mais aussi social, universitaire, administratif et politique.
La différence, dans ses divers aspects, est une des forges de notre société et les initiatives de la marge participent aux changements sociétaux. Pouvoir en comprendre le fonctionnement et les enjeux à travers un écrit ethnographique est, selon moi, essentiel pour comprendre leur émergence et permettre d’autres tentatives.