« Nos voisins, les bains municipaux » – Eugénie, Flo, Olivier et Tibtib – 2016-2017

Eugénie :
« Mimir, c’est au cul des bains municipaux »

Eugénie : C’est le cul des bains municipaux de Strasbourg.
C’est des trucs que j’aime toujours dire quand on me dit (…) : « Mimir, c’est où ? »
Je réponds : « C’est au cul des bains municipaux. »

Je me suis dit : il faut une photo du cul des bains municipaux, pour dire où c’est Mimir. Parce que Mimir, c’est ça, c’est au cul des bains municipaux : « Tu vois, le bain municipal là ? Là où tu te laves dans la municipalité ? Ben, tu vas au fond, là derrière. Tu vas gratter, gratter là, mais ce que tu vas trouver, c’est Maison Mimir. »
Et ça, c’est pas n’importe qui qui chie n’importe où hein !
(…)
Les bains municipaux, c’est des p’tits jeunes. Ça a été fait au XXme siècle, 1910, 1915. On était allemand. C’est les allemands qui ont construit les Bains Municipaux à Strasbourg, dans une des annexions de l’Alsace.
Avant ça, dans la rue Prechter, donc « la rue Neuve », il y avait toute une flopée de maisons qui ont été détruites pour l’occasion. Mimir est un des vestiges de ça.
C’était juste à côté de la Neuestatd, avec le palais universitaire, l’Université, le jardin botanique qui englobent tout ça. Parce qu’avant, le jardin botanique, en fait, c’était les beaux arts. Les beaux arts, c’était le jardin botanique. Après, les allemands, bouh, bouh, bouh, ils ont tout décalé.
(…)
Je voulais prendre cette photo du cul des bains municipaux, sans la tourelle, parce que l’architecture, quand même, de cet endroit est magnifique ! Si tu regardes bien, tous les vitraux, c’est que du « art déco nouveau » et cetera. Ce sont des nymphes. C’est vraiment un très beau bâtiment ! Je ne suis jamais rentrée dedans. On rentrera alors dedans…

 

Flo :
« Pourquoi s’embêter alors qu’on a les plus belles douches disponibles à côté ? »


Flo 
: Aaah ! L’endroit où j’aimerais bien habiter ! Nos voisins les Bains Municipaux de Strasbourg. Architecture impériale de l’époque allemande, puisque ça a été construit par les allemands entre 1880 et 19… [ndlr : Les Bains Municipaux ont été construits entre 1905 et 1908] Je crois que ça date du début du XXme siècle…

Ça a été construit à cette époque. On a encore les vitraux. Magnifique bâtiment imposant !

Un des rares services sociaux de la ville, qui est encore debout. Et ce service de douches permanentes est en face de Mimir, où on a toujours eu un problème avec la douche, dans le sens : l’eau chaude. Les gens se sont installés à Mimir en 2010. L’eau chaude est arrivée en 2013, je crois, si je me rappelle bien, voire 2014. Donc pendant trois ans, il n’y avait pas d’eau chaude à Mimir. Chacun devait se débrouiller. La douche à la japonaise avec les bouilloires d’eau ou aller, comme je faisais moi, aux Bains Municipaux.

Pourquoi s’embêter alors qu’on a les plus belles douches disponibles à côté ?

Voilà, [un] service social qui répond à un service social, l’institution qui répond à la non-institution, alors qu’ils sont voisins ! Je trouve ça assez beau !

Ophélie : La « non-institution », c’est Mimir ?

Flo : Ouais Mimir, c’est une institution qui n’est pas institutionnelle. Je veux dire, une association est une institution de fait. Quand je dis « institution », moi je pense à institution Politique : l’administration, les services sociaux de la ville, des trucs comme ça. C’est institutionnalisé. Le fait que tu prennes tes douches, t’as une carte, c’est comptabilisé : le nombre de douches par semaine, nombre de jours, machin bidule nin nin nin… rentabilité, machin, comptabilité du service, des questions qu’on ne se pose pas à Mimir : « Est-ce que le service de bagagerie est rentable ? Est-ce que ce qu’on fait c’est rentable ? » On ne se pose pas du tout la question. Donc, il y a l’institution qui a ses financeurs et puis il y a la non-institution qui fonctionne à l’autogestion, à l’autofinancement, à la « va comme j’te pousse ».

Voilà-voilà-voilà… Très, très beau bâtiment ! Je voudrais bien habiter dedans un jour.

Olivier :
« Une espèce de piscine sociale »

Olivier : Une jolie vue de la fenêtre sur les bains municipaux. (…)

D’un côté, du côté de la fenêtre, tu contemples cet espèce de microcosme mimirien et là, par contre, c’est la réalité : « Ah oui ! C’est vrai, à côté de nous, il y a le monde normal, les gens qui vaquent à leurs activités quotidiennes et qui ont leur galère du quotidien. »

Et puis ce bâtiment des bains municipaux, finalement pour Mimir, il est très important ! Il y a la grande cheminée là, à gauche qui est un point de repère dans la ville, facile pour retrouver l’endroit.

Les bains municipaux, où beaucoup de gens qui passaient à Mimir étaient usagers également, puisqu’ils allaient souvent prendre leur douche là bas. Pareil pour le public qu’on accueillait dans le cadre de l’accueil social de Mimir, c’est un endroit vers lequel on les orientait. On avait les horaires affichées chez nous, donc on pouvait leur dire très rapidement. (…)

Ce bâtiment il a quelque chose de spécial (…) et puis sa fonction aussi, d’être une espèce de piscine sociale, avec une forme sympa. Je ne vais pas épiloguer sur le fait qu’il y a un projet pour complètement le reconstruire et que ça va beaucoup changer… (…) Il y a un appel d’offre en ce moment pour, je crois, le démolir, parce qu’il est complètement obsolète. Il consomme trop d’énergie et du coup faire autre chose. On avait été informé parce que, comme nous, on est juste en vis-à-vis, ça veut dire de gros travaux en face de chez nous. Donc on a le droit d’être au courant de ce genre de truc. [ndlr : en savoir davantage sur le projet de rénovation des bains municipaux]

 

Tibtib :
Symbolique de la tour

Thibaut : le grande tour. C’est la tour de chauffage des bains romains qui sont juste derrière. Elle venait juste d’être refaite, elle a 103 ans, 104 ans. (…)

Il y a deux symboliques :

déjà c’est un gros point de repère, c’est un phare. Quand t’es à Strasbourg et que tu cherche Mimir, si tu lèves les yeux, tu vois bien la tour. À part les deux trois cathédrales autour tu reconnais vite la tour, donc c’est comme un poteau, un point de repère pour le lieu.

J’ai toujours aimé c’te tour. Elle a une force c’est une vieille tour en pierres avec de gros cerclages en métal.

Elle est là depuis plus de 100 ans, un peu comme la maison qui est là et qui tient le coup.

Sauf que ben c’est comme une ascension c’est comme si on cherchait, nous, en reconstruisant la maison, d’être à égalité avec la tour.

Nous on ira pas aussi haut, bien sûr, mais on vise le ciel et depuis le départ c’est bisounours.
On vise le ciel, on l’a.
On veut une maison, on l’a.
On veut un petit chat, on l’a.
On veut des meubles et des chaises, on les a.
On veut rénover, on peut.
On veut faire des soirées…
Enfin tout est rose.

Dès le départ ça a vraiment été bisounours land à Mimir.

Enfin très vite ça a déchanté, mais les six premiers mois, la première année, c’était quand même magique.

Qu’on ait un ciel bleu ou un ciel gris, t’essayes tout de même de viser les étoiles, même à travers le ciel…

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