Première étape : Les premiers pas de l’ethnologue à la maison Mimir

Cet article est issu de l’introduction et du chapitre méthodologique du livre Les petits riens d’une société en mouvement – Maison Mimir, espace social autogéré. Il présente mes premiers pas dans la maison Mimir et la place d’ethnologue-bénévole que j’ai occupée :

Mon arrivée

Je me suis retrouvée à la maison Mimir pour la première fois un samedi du mois d’octobre 2015. Quelques amis m’avaient proposé d’assister à l’assemblée générale de l’association. J’arrivais pendant un tour de table, où chacun évoquait sa raison d’être investi en ce jour.

Lorsqu’advint mon tour de parler, je dis :
« Je m’appelle Ophélie et je suis là parce qu’on m’a invitée. »
C’était à peu près tout ce que je pouvais dire. La maison venait de fermer ses portes au public en mai de cette même année. Ce jour­-là, les participants s’employèrent à mettre en place des feuilles d’inscription pour divers groupes de travail et de réflexion en fonction des pièces de la maison à rénover et des investissements à prévoir. Je me pris au jeu des inscriptions, suivant quelques unes de mes envies et de celles de mes amies présentes : les commissions « communication », « bagagerie sociale » et « art plastique ».

Nous prîmes rendez­-vous pour discuter du futur de Mimir et des travaux à venir. Curieuse du fonctionnement de cette maison et entendant que je pourrais peut­-être y apporter mon aide, notamment sur le plan social, du fait de mes études en psychologie clinique, je sentais que je pouvais y construire une place. La part ethnologique n’y avait pas encore fait son entrée.

Presqu’un an plus tard, j’étais encore présente et davantage intégrée.
Mercredi 14 septembre 2016, j’ai participé à une réunion au sein de l’association Mimir. Un des bénévoles me dit : « Il y a plusieurs stades de connaissance de la maison. D’abord, lorsque l’on est complètement extérieur : « C’est un repaire à drogués, à cas sociaux » ; ensuite lorsqu’on y est introduit et que l’on commence à découvrir son potentiel, elle devient « un espace de rêves, de rencontres et de possibles », puis quand on y est, elle finit par nous envahir. »

Je me suis interrogée sur cette phrase que je retranscris de mémoire. Cette année passée, j’avais moi aussi vécu trois différents stades : une maison intrigante de l’extérieur et où je n’osais pas forcément poser le pied de prime abord ; un lieu idéal de rencontre et d’accueil lorsque le premier cap a été dépassé ; puis un collectif qui est venu poser en moi mille questions lorsque j’ai commencé à m’y investir. Enfin, il y avait aussi cette étrange manière de parler de la maison, comme si elle avait une âme. Elle vit, elle respire, il faut en prendre soin.

Que dégage la maison Mimir ? Pourquoi déchaîne-­t-­elle tant les passions ?
Cette association a très vite suscité mon intérêt d’ethnologue, car elle propose une autre manière d’habiter la ville, un autre mode de fonctionnement, un autre politique. Ainsi, le politique, au sens d’un « vivre ensemble », est au cœur des questionnements de cette association qui crée, fabrique et bricole avec ceux qui s’investissent au jour le jour, dans un présent associatif qui essaye de perdurer : les remises aux normes, les travaux, les événements, l’accueil…

Ma participation

J’ai tenté de comprendre le fonctionnement de cette association en participant aux diverses réunions et Assemblées Générales, puis j’ai intégré des groupes de travail.

« Vide-dressing solidaire avec Touch-Arts » Journal DNA, 6 octobre 2015

J’ai posé de nombreuses questions sur l’organisation. J’ai participé aux tâches de décoration pour les soirées et l’organisation de vides-dressings.

J’ai apporté mon aide dans l’écriture de textes divers pour communiquer sur l’association. Je me suis investie dans les groupes de travail autour de la « bagagerie » et j’ai été présente lors de « chantiers participatifs ».

« Chantier participatif », Makers du Cœur, Novembre 2017

La maison ayant fermé pour être remise aux normes, je suis arrivée à un moment charnière de son histoire, où les expériences passées (heureuses ou malheureuses) étaient en train de reconstruire un Mimir futur : le « Mimir 2.0 ».

« Chantier-vaisselle », Ophélie A Meyer, 2016

J’ai assez vite compris que pratiquer l’autogestion demande d’être un tantinet autonome. Cela passe par le nettoyage, la vaisselle, le rangement… Il s’est mis en place des ateliers ponctuels de fabrication de divers produits : pour le chantier (fabrication d’enduit), pour la décoration de la maison (fabrication de peinture à ardoise) et pour le nettoyage (fabrication de liquide vaisselle). De nombreux moments ont été ménagés pour discuter autour des enjeux, des problématiques et du futur de la maison : la place de l’alcool, de la drogue et de nombreux questionnements tels que le squat persistant.

Les mimiriens essayent de maintenir l’association malgré des entrées par effraction, des vols et la violence qui constituent un frein à la motivation et à l’intégration de nouveaux bénévoles. J’ai participé à tous ces moments et j’ai noté les éléments repérés, les consignant dans un carnet de bord avec mes propres réflexions. Ce qui au début n’était qu’observation, a évolué. Mon implication évoluant aussi, j’ai peu à peu pris position, m’éloignant de la neutralité des premiers temps…

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