Il est difficile de présenter les mimiriens tant ce public peut concerner une vaste étendue de participants, la maison étant ouverte à tous. Comment les définir alors sans les étiqueter ? Deux réponses sont possibles : d’abord, par la négative, c’est-à-dire, ce que le public de Mimir n’est pas ; ensuite, par la singularité, en présentant les personnages de l’histoire, ceux qui ont bien voulu me raconter la leur. Ils sont un petit panel représentatif d’une communauté comptant des centaines de personnes.
Commençons par ce que le public de la maison Mimir n’est pas. Il n’est pas composé d’individus avec un statut social précis. Il n’est certainement pas composé de personnes en uniforme, l’uniforme ne se présente d’ailleurs pas souvent. De plus, tout individu jouant du prosélytisme politique ou religieux n’est pas bienvenu. Sans étiquette, voilà le public de Mimir.
Les mimiriens sont des individualités qui se présentent par leur prénom, ou leur pseudonyme. Neuf d’entre eux partagent leur témoignage et nous content son histoire :
Stoof, Renaud et Tibtib font partie des fondateurs de Mimir en 2010. Stoof et Renaud étaient à l’école d’éducateur spécialisé à cette époque et tous les deux très investis dans les luttes militantes et les réflexions sociales.
Aujourd’hui, Stoof vit en Bretagne avec sa famille. Il exerce des métiers relatifs au social ou non. Aux dernières nouvelles il travaillait dans une structure d’accompagnement de personnes en situation d’addiction et il a commencé à brasser sa propre bière.
Renaud a également été travailleur social dans diverses structures. Il s’est attelé ensuite à écrire, à s’exprimer, à vivre. Aujourd’hui, il construit une maison associative d’accueil social et culturel, comme une maison Mimir, à la montagne. Il continue son engagement dans de nombreuses associations : de la réduction des risques pour usagers de drogue dans l’association Ithaque, à la mutualisation de matériel avec l’association Nigloo, en passant par la recherche et la sauvegarde du patrimoine dans les associations GRABE (Groupement de Recherche et d’Archéologie de la Bruche et Environ) et Lamineur…
Quant à Thibault (ou Tibtib), il était sur les routes et « à la rue ». Aujourd’hui, il voyage encore entre squats et communautés, parcourant les routes d’Europe en fonction de ses envies et des invitations. Il a récemment trouvé refuge dans un petit hameau des Gorges du Tarn, dans lequel il s’implique.
Alba est musicienne, elle joue du violon. Elle a de nombreux projets musicaux (MOSC, Les X-Swing, Amazone Expérience…), de la manche dans la rue aux grandes salles de concert, si bien que nous ne la voyons plus beaucoup tant elle se déplace pour sa musique. Elle revient parfois durant des événements organisés à la maison.
Nono vit. Elle fait du clown, des marionnettes, de la musique, du dessin, du bricolage. Elle s’en va travailler au gré des saisons qui passent. Elle aide à construire des yourtes pour les fêtes de ses amis ; elle cuisine pour les associations. Elle a apporté son aide à Mimir en fonction des besoins. Tenancière d’un bar en Espagne le temps d’un hiver, elle arpente aujourd’hui d’autres chemins et envisage de s’établir sur le plateau du Larzac.
Après Renaud, Eugénie a été la présidente de l’association Mimir durant un an, entre 2016 et 2017. Elle y a également habité. Elle se professionnalise actuellement dans la formation en sexologie. Eugénie dessine des corps nus. Elle aime le théâtre et nous nous sommes souvent accompagnées l’une l’autre dans l’organisation d’événements, les rédactions d’écrits ou les passages radiophoniques.
Guillaume était étudiant en architecture. Depuis, il a eu son diplôme. C’est lui qui a réalisé les nouveaux plans du 18 rue Prechter. Il est très engagé dans la lutte pour les minorités et les alternatives et c’est pour cela que la maison Mimir l’a intéressé. Il se balade, lui aussi sur divers chantiers en France et dans le monde, ou bien il organise des workshops avec son collectif d’architectes, l’atelier Na.
Flo, c’est un artiste à l’avis tranché. Il est chez Mimir depuis les débuts. Il est parti un temps sur les routes, mais depuis que je connais la maison, Flo est présent. Il organise beaucoup d’événements et il se produit sur les scènes de slam, de rap ou encore de stand up. Comme Eugénie, qu’il connaît très bien par le biais du théâtre, Flo a intégré la nouvelle collégiale en 2017. Il a été un temps le référent du chantier Mimir.
Olivier est actuellement à l’école de travailleurs sociaux, pour devenir assistant social. Il travaille dans un centre d’accueil et d’hébergement de personnes à la rue. Il a étudié les sciences politiques et s’est impliqué dans la maison par le biais de la musique qu’il pratique régulièrement, notamment avec Alba. Il a aussi beaucoup investi le service de bagagerie, la cuisine associative et les bœufs musicaux du mercredi.
Tous ces personnages constituent un échantillon représentatif des mimiriens, qui regroupe le travail social, l’art, le culturel, les études, l’artisanat, le voyage, la pauvreté, l’architecture, le travail saisonnier, le dessin, la musique, la décoration, le chantier, la lutte et les réflexions sur notre société. Pêle-mêle, ils et elles donnent une idée globale de ce public qui constitue la maison, qui la côtoie, de près comme de loin. Ce sont eux qui nous accompagneront tout au long de l’approche de ce qu’est la maison Mimir.