En février 2016, l’association Mimir a organisé un week-end de soutien festif au Molodoï, une salle réputée dans les milieux alternatifs à Strasbourg. C’était l’occasion pour moi de distribuer les appareils photo jetables et de commencer les témoignages « C’est quoi Mimir? ». Ainsi, quelques photographies ont été prises durant l’événement.
Flo : Alors, cette photo représente une autre personne, membre de l’association Mimir. (…) Elle a été prise dans l’accueil du Molodoï, pendant la soirée du festival Mimir, soutien Mimir [au] Molodoï.
Pourquoi j’ai pris cette photo ? Et bien parce que la personne en question me l’avait demandé. Et donc j’avais l’appareil photo sur moi et j’ai pris cette photo.
(…)
Il y avait son chapeau là. (…) Il fallait prendre quelque chose par rapport aux bouchons, je crois, (…) ou le prix libre…
Ophélie (lisant l’écrit sur le chapeau) : Je crois que c’était : « Tu as de la chance que je n’ai plus de voix, sinon je t’aurais persuadé de nous donner 50 000 euros. »
Flo : Voila. (…) La soirée était cool !
Guillaume, Tibtib et d’autres ont immortalisé cet événement. Eugénie a été prise en photo pendant qu’elle jouait à être « super bénévole ».
Nono évoque, non sans humour, les difficultés de ponctualité qu’il peut y avoir à la maison Mimir, notamment lorsque, la nuit précédente, tous les bénévoles faisaient la fête dans ce haut lieu culturel strasbourgeois :
Nono : Parce que la veille, on s’était vu au Molodoï… (elle rit) et on s’est dit, le soir, en partant avec Eugénie et toi : « OUAIS DEMAIN À DIX HEURES, MIMIR ».
Le lendemain, à dix heures, personne n’était présent…
Au Molodoï, plusieurs mimiriens avaient organisé des ateliers comme c’est courant à la maison Mimir.
Flo : Alors cette photo me rappelle un excellent souvenir ! Ayayayayaïe ! Là, c’était le moment des ateliers, pendant le festival de soutien de Mimir, au Molodoï. On voit en arrière plan les Papyrosen qui « fanfardisent » et, au premier plan, des gens qui font sans doute de l’origami, du pliage, voire peut-être du porte-feuille en brique [ndlr : des briques de lait ou de jus en carton]. Je me suis dit que c’était le moment de prendre une photo. C’était en plein jour, ciel ouvert pour Mimir au Molodoï.
Ophélie : Pourquoi c’était un beau souvenir ?
Flo : Pourquoi c’était un bon souvenir cette photo ? Parce que je venais de me faire rembarrer après avoir dragué une lesbienne.
Dans un autre articles, Flo évoque aussi toute la récup’ de nourriture ramenée du Molo après la soirée de soutien. Ces différents points seront développés dans d’autres articles.
Ainsi, presque tous les mimiriens interrogés évoquent le Molodoï dans leur discours. Par ses valeurs, le collectif Molodoï est en lien étroit avec l’association Mimir, qu’il soutient depuis les débuts.
C’est pourquoi Renaud rapproche Mimir des « mouvements alternatifs, réseau Molodoï et cie ». Et Thibault confirme :
Tibtib : … Tu vois, des vrais réseaux, de vraies toiles d’araignées superposées. (…) Il y a vraiment des relations entre le réseau social (…), le réseau alternatif (…), toutes les sorties, tous les événementiels, le Artschloch, le Molodoï, la Semencerie… (…) Tous ces réseaux là sont vachement interconnectés. (…) C’est (…) impressionnant de voir une si petite ville avec autant de gens. (…) Finalement on se connaît tous, on se connaît tous de gauche ou de droite, de tel ou tel réseau ou de réseaux communs. (…) Il y a une espèce de rêve général ou une espèce d’utopie. (…) On se dit : « Putain, en plus, si nous c’est possible et qu’on est tous ensemble… »
Enfin, Olivier, qui a pris une photo inexploitable de la cuisine du Molodoï, témoigne de son arrivée à la maison Mimir et du pourquoi il côtoie ce genre de milieu alternatif : ce n’est pas vain.
Olivier : (…) Probablement la photo de la cuisine du Molo. Attends, je crois que… (il se déplace pour mieux la voir à la fenêtre) Oui, regarde la lumière en haut. Je crois qu’en fait, quand tu mets plein de lumière sur la photo, (…) ce sont les étagères à épices et à bordel de la cuisine du Molo.
(…)
C’était pendant le festival de soutien à la maison Mimir et j’avais fait du bénévolat. J’avais passé pas mal de temps en cuisine. J’avais fait la plonge.
Moi, à Mimir, un des trucs qui m’y avait amené, c’était justement la cuisine, à la fois parce que personnellement, à ce moment là, je travaillais en restauration collective, contrat d’insertion.
À Mimir, le truc qui m’y a fait venir, c’était le bouffe-bœuf. Donc, je suis musicien, je venais pour le bœuf, mais il y avait la bouffe et petit à petit, je m’étais aussi impliqué là-dedans. Pour moi, c’est quelque chose d’important et même si c’était la cuisine du Molo, pour moi, c’était : la cuisine.
(…)
Le fait d’en parler, le fait que ce sont des gens importants pour moi, que ce sont des symboles (…) qui sont forts. En fait, on pourrait en parler des heures… L’exercice de passer en revu un passé assez récent, finalement, et de prendre du recul dessus : « Voilà par quoi on est passé dans les derniers mois », ben c’est un exercice qui remet un peu les idées en place. Si tu pouvais te dire que « la vie c’est pourri, ça saoule, j’en ai marre », tu regardes ces photos et tu dis :
« Ah ouais ! Quand même ! En fait, on n’est pas là pour faire les squatteurs. On est là pour construire un truc ; on a un vrai projet ! »
On n’est pas là pour se reposer et pour profiter dans le sens : juste se laisser aller avec ce qu’on a déjà, jusqu’à ce que ça casse. Non, pas du tout. Ça a un sens ce qu’on fait, pourquoi on est là.
Et c’est pour ça que c’est cool de se lever le matin et même si c’est [pour] travailler toute la semaine et passer tout le week-end à bosser ici (…) et bien, on vient et on le fait quand même, parce que ça les vaut. Parce que si on arrive au bout du projet, on se dira que ça valait vraiment le coup !