Renaud : Ça, ce sont les briques. Il y avait les briques et il y avait l’arche aussi, là derrière.
Ophélie : C’est quoi l’arche ?
Renaud : C’est l’arche en grès qu’on a démontée sur une maison alsacienne qui avait une partie effondrée et qui allait être détruite. On [nous] a dit : « Venez récupérer ça si vous voulez. » C’était dans l’idée de la reposer, à terme, sur la maison.
Il y a toute une dimension patrimoniale qu’on a toujours eu envie de mettre en avant. Ce n’est pas dégueulasse que d’avoir une belle maison. Là, c’était du matos qu’on a récupéré, stocké. Et c’est une belle arche en grès, qui date de 1800 quelque chose. (…) Sachant que la baraque Mimir doit être du milieu du XVIe siècle (…) [et] toute une seconde partie qui date du milieu du XIXe.
Et puis ça illustre un peu la récup’ au passage, le fait d’avoir récupéré tellement de choses. Ça c’est du matériau BTP. Là, on récupère une belle arche en grès, qu’on peut reposer. Ce n’est pas n’importe quel type de matériau. À côté, il y a des briques, briques qu’on a démaçonnés de certains murs. (…)
C’est aussi un peut significatif d’un esprit débrouillardise, par rapport au fait qu’on ne va pas juste balancer des briques dont on ne peut pas se servir.
Pareil, le bois, on l’a brûlé. Après, on aurait pu le foutre à la déchèt’ . Mais ça sert à quoi d’aller à la déchèt’ pour finir dans un incinérateur à Strasbourg ? Dans des bennes qui coûtent des fortunes, gérées par des prestataires privés ? On a cramé cash. Le plâtre, on l’a filé à Daniel (un copain qui construit des cabanes), pour stabiliser des terrains et stabiliser des chemins. On a refilé tous les surplus de pain, et des salades et des légumes (…) à des agriculteurs pour des cochons, ou des moutons. Puis, [l’agriculteur] nous avait filé des moutons pour un méchoui.
La photo ne montre pas tout ça. Mais là, (…) ça illustre la récup’, la débrouillardise.
Après il y a aussi le rapport au côté déconstruction du mur. Déconstruction du mur, déconstruction du projet. (…) Déconstruire la maison ; mieux la reconstruire ; mieux repartir. Déconstruire nos représentations dans le monde dans lequel on est.
Ça peut vouloir dire beaucoup de choses si on veut délirer sur le pourquoi de cette photo.