Qu’est-ce que la maison Mimir pour moi ?
J’ai choisi plusieurs photos, car la maison Mimir c’est toute une histoire. Tellement de rencontres, d’échanges, d’amitiés !
La première fois que j’y suis entrée, c’était le 12 avril 2011, c’est Renaud et Thibault qui m’ont accueillie. Renaud m’a expliqué le projet et, le jour même, il rencontrait le maire car la mairie de Strasbourg menaçait les habitants d’expulsion. Un rassemblement avait lieu l’après-midi, en face de la mairie. Je ne connaissais encore personne.
Renaud m’a montré les ateliers du premier, le barakawa et surtout, il m’a expliqué que cet endroit devait être “ouvert“, c’est-à-dire accessible à tous et solidaire, non seulement pour ses occupants mais aussi pour les personnes les plus démunies. Cet aspect m’a vraiment beaucoup plu.
Le barakawa : bar à prix libre au rez-de-chaussée de la maison, endroit ou se poser, organisé par les occupants et des volontaires pour y servir des boissons sans alcool ; fruit de la récup’ : thé, café, jus.
Chacun vient et donne ce qu’il peut. C’est surtout pour passer un moment dans un endroit convivial, hors des bars conventionnels. Il y a toujours de quoi discuter et de quoi faire ; un vrai petit refuge pour les personnes sans-abris, pour les personnes de passage et les habitués, tout le monde y est bienvenu.
J’ai fait partie, pendant une période, de l’équipe du barakawa et, de temps en temps, j’ai participé à la récup’ le matin tôt au “Leclerc“ (je crois), place de l’Étoile avec Sarra et Flo qui étaient occupants de la maison, à l’époque.
Je me suis portée garante, par la suite, avec une quinzaine d’autres personnes, lorsque la mairie a proposé, en 2013, après trois ans de vie de l’association Mimir, le bail emphytéotique promis. La maison Mimir appartenait donc officiellement à ses occupants, ce qui leur a permis de ne plus se sentir en péril d’évacuation. Un bail de 20 ans.
Pour moi, c’est un peu comme le sac de Mary Poppins : magique ! Tu apportes à l’intérieure de la maison une idée, une envie et, avec l’énergie de tous, elle prend forme et devient réalité…
Ma passion c’est la musique Reggae, surtout diffuser et partager les messages d’amour universel qui prônent la solidarité, la conscience et qui dénoncent les injustices de la société telle qu’elle est organisée …. Mimir, pour moi c’est ça, la conscience qu’une autre façon de vivre est possible et que chacun peut y participer.
C’est aussi la possibilité pour une grande partie d’associations et d’artistes de s’exprimer. Mimir, ce n’est pas un seul projet, c’est une multitude de projets. C’est tellement éclectique qu’il est difficile de tout énumérer… Organisation d’événements en tout genre, Sound system, live, théâtre, écriture, ateliers participatifs, bœuf-bouffe ; le lieu s’y prête à merveille !
Mais la maison Mimir, pour moi, c’est avant tout une histoire humaine, un vrai lieu de solidarité. Chacun y arrive avec sa propre énergie et chacun prend part à ce projet à sa façon. C’est de l’inclusion sociale à l’état pur. C’est un véritable microcosme qui ne peut s’animer et survivre qu’avec la participation de chacun.
Mimir, c’est dix ans d’évolutions et de changements, un lieu de vie pour les uns, de passage pour les autres, des personnes actives, des personnes passives, acteurs de la vie culturelle en tout genre. D’ailleurs, elle est le lieu qui représente le mieux la vie culturelle alternative de Strasbourg et, par conséquent, toutes sortes d’énergies y sont présentes.
Le projet de la maison Mimir, dans son ensemble, a souvent était en péril, et même au niveau structurel, la maison a risqué de s’écrouler, et ce n’est que grâce à la force démesurée de certains anciens occupants et d’exceptionnelles nouvelles énergies qu’il continue à vivre.
D’ailleurs, j’en profite pour remercier de tout cœur David “Don Valdes“ de m’avoir vraiment introduite dans l’organisation en m’accompagnant un soir à une AG où j’ai rencontré une partie des tous premiers occupants de la maison, pour leur faire part de mes projets culturels : soirées ROOTS & CULTURE, les Univers’elles (journée dédiée aux artistes femmes – 2012), mais surtout de m’avoir permis de rencontrer tellement de personnes exceptionnelles, des guerriers de lumière dans cette société obscure, que je remercie infiniment : Eugénie, Marhïe, Renaud, Flo, Stoof, Jamess, Sylvestre, Djeb, Sarra, M*, K*, Thibault, Ophélie, Daniel, Nina, Gauthier, Guillaume, Hélène, Rhyannon, Baptiste, Olivier……. ainsi que les centaines d’âmes humaines qui gravitent autour et qui continuent à construire ce projet, autant structurellement que culturellement.
La maison Mimir c’est l’endroit où peut s’exprimer librement la richesse que chacun porte en soi, dans toutes sa diversité et sa particularité. C’est un endroit ou on tisse des liens, ce que le système d’aujourd’hui tend à réprimer : la diversité, la tolérance, la communauté.