Tibtib est l’un des premiers fondateurs de l’association Mimir.
Présent depuis les débuts, il est parti ensuite vers d’autres lieux alternatifs, gardant le lien avec la maison où il continue à venir.
Je l’ai retrouvé en août 2017, lorsque nous visitions ensemble la ferme pyrénéenne de Bragat, investie par des amis, dont certains sont d’anciens mimiriens.
En me montrant l’une des premières photos, il évoque la cabane et cette époque où les arbres fleurissaient la cour intérieure de la maison.
Tibtib : « Thibaultland » !
Elle est jolie. Là, en plus, c’est le printemps, c’est en fleurs.
Sur cette photo là, c’était plus les petits projets personnels qu’on avait tous et qu’on a tous essayés de faire un peu un jour ou l’autre et qui [n’ont] jamais vraiment avancé parce qu’il y a le gros sujet personnel de la maison. (…)
Donc, c’est un sujet collectif. On n’a pas eu le temps vraiment de bosser chacun [son] truc. Même les artistes ont eu du mal à s’émanciper, quand même, à la maison. Donc, c’est toujours des débuts de projets, des idées persos qui fusent dans tous les sens mais qui ne se concrétisent pas vraiment (…) parce qu’il y a le projet de la maison qui est bien plus important.
(…) Chacun a ses idées et, du coup, la maison a du mal à se concrétiser de ce côté là aussi…
Ophélie : Pourquoi ça te fait penser à ça ? C’est la cabane ?
Tibtib : Ben, la cabane, c’était une idée qu’on avait au début.
Là, c’est Renaud aussi qui l’a faite et moi je voulais mettre une deuxième (…) poutre, qu’on voit, qui va vers le salon au deuxième. Je voulais faire un deuxième espace.
Et ouais, c’est juste que c’était le petit coin perché un peu sympa de la maison que j’aimais bien.
Et, du coup, ça me rappelle aussi l’arbre. Ce fameux arbre qu’ils veulent absolument couper. Je ne sais pas s’ils l’ont coupé d’ailleurs…
Ophélie : Non.
Tibtib : Parce que voilà dès qu’il y a un truc qui ne va pas, on coupe.
Et moi, je me rappelle, au tout début de Mimir, il y avait sept ou huit arbres dans la cour, qui étaient un peu en friche depuis 2000, là où le bâtiment avait été abandonné et il y avait quelques arbres et je me suis dit : « C’est dommage de les couper. » (…)
Celui qui sortait de la cave, qui sortait des fondations, il y a peut-être un truc à faire…
Mais les petits arbres dans la cour, on aurait pu les laisser.
Mais du coup, pas tout le monde était d’accord, évidemment.
C’était pas évident de faire (…) un consensus. Il y a eu du mal à avoir un consensus.
Et même, ils ont attendu que je sois descendu à Lyon. C’était la première année, les premiers mois. Donc, j’étais redescendu à Lyon voir les copains vite fait et (…) ils en ont profité pour m’appeler à Lyon, à ce moment là, pour me dire : « On a coupé les arbres. »
Comme ça, je pouvais m’énerver tout seul dans mon coin, tant pis, c’était fait.
Donc le coup du consensus, qui était une bonne idée à la base, c’est vrai que c’est parti sur des petits coups un peu sournois comme ça…
Enfin, moi, les arbres, ça me touche quoi. On coupe un arbre c’est… ça se fait pas. Tu coupes pas un arbre même s’il pousse à l’arrache.
Ophélie : Tu ne voulais couper aucun arbre dans la cour ?
Tibtib : À part celui vraiment qui dérangeait, qui sortait de la fondation. Oui, celui-là, évidemment, c’était important. Il commençait à grossir, donc, vraiment, ça pouvait être dangereux plus tard avec les racines.
Mais celui là, non.
En plus, ça fait un peu (…) d’ombre. (…)
Je l’ai élagué plusieurs fois. J’essaye d’en prendre soin.
Mais après, ouais, la couille, le champignon qu’il a eut ou je sais pas ce que c’était comme connerie et ben du coup : « Oh ! C’est bon, il est malade, on le coupe. »
Bon, ben ok, ben la prochaine fois que tu te fais mal au bras, il saigne, ben je vais le couper.
Ben non.
Ça se répare. Cataplasme… Et donc, c’est vrai que c’était pas évident.
(…)
Alors, tu regardes, comme ça, elle est belle quoi !
C’est le printemps, ça bourgeonne, il y a un beau ciel bleu derrière, puis même, il y avait le mur qui, je pense (…) soutenait un peu le mur d’enceinte. Parce que ça dépassait un peu du mur. (…)
Ophélie : Et t’as appelé ça « Thibaultland ». Pourquoi ?
Tibtib : Parce que je commençais à vouloir faire une cabane dans les arbres (…), une petite cabane, une petite vigie et c’était pour le fun…
Ophélie : C’était un peu ton endroit ?
Tibtib : Ben, c’est plus Renaud qui l’a fait.
(…)
« Thibaultland », parce que je voulais faire le deuxième. (…)
Je ne sais plus qui avait balancé ça et je trouvais ça drôle.
(…) Ouais, une belle photo…