Collectif des amoureux des bancs publics
Le manifeste
Parce que nous vivons la rue comme un espace de possibilités, de rencontres ; comme terrain de jeu et champ d’action.
Parce que de plus en plus elle tend à être conçue, dans son architecture, mais aussi dans son usage quotidien, comme un territoire lisse et neutralisé.
Parce que, de l’espace public on semble n’attendre plus rien d’autre que d’être une zone de transit : de chez soi au travail, du travail à la marchandise de la marchandise au domicile.
Parce que nous revendiquons la nécessité du détour, de la flânerie, le droit de pouvoir se perdre.
Parce que nous récusons tout autant l’idée qu’on puisse perdre son temps que l’idée inverse qui voudrait que celui-ci puisse être gagné.
Parce que nous savons qu’une halte peut aussi être une veille.
Parce que pour nous, la rue est à la fois un spectacle et une scène.
(Parce qu’au néant qu’on nous propose les bancs publiques répondent par notre séant)
• Nous condamnons toutes les formes d’aseptisations qui viseraient à nous déposséder de l’espace publique dans son aspect le plus accessible.
• La multiplication d’espaces anti-citoyens, véritable expropriation déguisée qui vont de paire avec la suppression accélérée des bancs publics et la mutilation de ceux qui subsistent (voir les différents dispositifs anti-SDF).
• Omniprésence des installations de vidéosurveillance
• La volonté systématique de transformer toute friche en lieu de consommation culturelle ou marchande à travers divers projets dits « de réhabilitation »
Les friches, parce qu’elles permettent une réappropriation des lieux par la poésie de l’usage, nous semblent plus indispensables qu’un énième centre commercial, multiplexe ou musée.
Les caméras nous privent d’anonymat, remplaçant l’omni voyance divine par la surveillance généralisée
Les bancs, enfin, lieux de rencontre et de repos, semblent être un combat mineur. Il ne nous apparaît pourtant pas comme un signe de civilisation qu’il faille payer une terrasse pour s’asseoir ou que l’alternative face à l’envie d’un petit somme se résume à : l’asphalte ou l’hôtel.