Edouard Philippe, pour une fRance bleue blanche brune

Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé, ce 7 janvier sur TF1, une série de mesures contre les manifestant.e.s.

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Il a promis une législation plus sévère à l’encontre des «casseu.se.rs» mais en réalité ça sera un durcissement des sanctions contre les personnes arrêtées en manif, contre les manifestations non déclarées, contre ceux et celles qui « masquent » leur visage (se masquer est déjà une infraction passible d’une contravention, mais avec ce texte de loi se masquer le visage deviendra un délit, qui pourra justifier une interpellation, une garde à vue, un déferrement et une peine de prison) Le but de l’Etat est aussi le fichage des manifestant.e.s avec la mise en place d’interdictions de participer à des manifestations. Ce texte sera déposé et discuté par l’Assemblée nationale début février de cette année.

Ainsi l’Etat, par la voix de Edouard Philippe a répondu «oui» à la demande des syndicats de policiers, dont Alliance (syndicat proche de l’extrême-droite), qui réclament la création d’un fichier de personnes interdites de manifestations, à l’image de celui anti-hooligans. Et oui les (futures) lois que Edouard Philippe annonce existent déjà… mais dans les stades.

L’Etat applique des lois liberticides dans les stades de foot et, une fois la machine bien rodée, ces mêmes lois sont utilisées pour le flicage de toute la population. Edouard Philippe a ouvertement fait référence à une loi anti hool’s qui seras appliquée contre tou.te.s les manifestant.e.s : «Dans le courant des années 2000, dans les stades de foot, nous avons pris des mesures qui ont permis d’identifier et d’interdire [les hooligans]. »

A noter que le terme « hooligan » a été utilisé à tord et à travers par l’Etat pour justifier ses lois liberticides dans les stades alors que c’est l’intégralité du milieu ultra et/ou supporter qui a été pénalisé par ces lois fascisantes. Là, c’est la même méthode, ils utilisent des termes ambiguës et vides de sens pour qualifier les manifestant.e.s. Quand l’Etat utilise le terme « Casseu.se.rs » c’est pour décrédibiliser toute forme de contestation subversive qui ne se résume pas à marcher bêtement en rond pendant une manif « sans rien faire ».

Pour savoir ce qui attend les manifestant.e.s, il suffit de se pencher un peu sur les lois anti supporters sorties ces dernières années. Tout débute avec la loi Alliot-Marie à la suite des incidents de PSG-Caen en 1993. Celle-ci est renforcée avant la Coupe du monde 1998, puis en 2003 et 2006, des modifications sont apportées. En août 2007, la ministre de l’Intérieur (toujours Michèle Alliot-Marie) publie un arrêté pour créer un fichier national des interdits de stade (FNIS). Il permet à la police de « mettre en oeuvre un traitement automatisé de données à caractère personnel» pour prévenir d’éventuelles violences dans les stades. Ce fichier comporte notamment l’identité, l’adresse, le club de supporters et la photographie des personnes concernées. Sont aussi consignées les raisons de cette interdiction (nature administrative ou judiciaire, champ géographique, type de manifestations concernées, autorité judiciaire ou administrative ayant pris la décision). Les personnes figurant dans ce fichier peuvent être interdites de stade pour une durée maximale de cinq ans par la justice après des infractions durant les matchs ou en dehors. Le magistrat peut les obliger à répondre à des convocations de police durant la durée des matchs. Mais, il faut attendre 2010 et le renforcement des Interdictions Administratives de Stade (IAS), et la loi LOPPSI 2 en 2011 qui rallonge la durée des IAS et prévoit l’interdiction des déplacements, ce qui restreint donc la liberté de circulation des supporters. La répression explose au début des années 2010 et les interdictions de déplacement se multiplient de manière inquiétante. La France suit le modèle italien, qui se fait sans concertation, qui compte uniquement sur le répressif sans miser sur la responsabilisation des supporters. Voilà les références de l’Etat pour créer des lois contre les manifestant.e.s!

Edouard Philippe envisage aussi le redéploiement massif des flics sur le terrain, à la hauteur de ceux déployés le 1er décembre et qui avait été réduit lors des derniers actes de la mobilisation des gilets jaunes.

« Les moyens spécialisés comme les engins blindés de la gendarmerie ou les engins lanceurs d’eau de la police ont montré leur efficacité. Nous devons donc en envisager très sérieusement le renouvellement et accroître leurs capacités opérationnelles » a t-il ainsi affirmé, avant d’ajouter avoir « pris la décision de faire en sorte d’assurer une mobilisation considérable des forces de l’ordre ».

C’est-à-dire le déploiement de 85.000 agents de répression, BAC, CRS, policiers et gendarmes compris.

On vous rappelle aussi que le 20 octobre 2018, le Sénat a adopté en première lecture un texte visant à restreindre le droit de manifester. La proposition de loi du groupe Les Républicains, déposée par Bruno Retailleau vise directement les « Black blocs » : lire notre article sur le sujet  ici.

Doucement mais sûrement, l’appareil d’Etat ne fait que son job ; la neutralité de l’État est une fiction. L’État, sous toutes ses formes, est une arme aux mains de celles et ceux qui détiennent le Pouvoir, la Finance et les moyens de production. Il est, et a toujours été, le garant des intérêts de la bourgeoisie, des multinationales et des hauts fonctionnaires. Le rôle d’un Etat est de maintenir son pouvoir, en france quand le système capitaliste arrive à un point de rupture, c’est le rôle de l’État, avec l’aide de toutes les forces répressives, d’étouffer toute contestation. C’est dans ce genre de situation, sous couvert de crise politique et économique, que l’État sort ces lois les plus liberticides et que le basculement vers le fascisme devient une possibilité capitaliste.

 

Action Antifasciste Mulhouse Haut-Rhin

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